Coalition de la Société Civile pour la Paix et le développement Démocratique en Côte 'Ivoire

«La Côted’Ivoire, à travers cette décisions érige en Etat peu modèle dans le respect des conventions internationales»

Le Coordonnateur Général de la Coalition de la société civile pour la paix et le Développement Démocratique en Côte d’Ivoire (Cosopci), Victor Naclan Touré, dans cet entretien se prononce sur le retrait de la reconnaissance de la compétence de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) par la Côte d’Ivoire.

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Naclan Victor | Coordonnateur général de la COSPCI

Comment la COSOPCI a accueilli la décision de retrait de la Côte d’Ivoire de la cour africaine des droits de l’homme et des peuples ?

C’est vraiment décevant et cho- quant cette décision du gouvernement. Elle est un recul énorme de la Côte d’Ivoire en matière

d’état de droit, des libertés pu- bliques, de la démocratie et des droits de l’homme. Il faut relever que la CADHP, est une juridiction qui donne la possibilité aux ONG et les personnes physiques de la saisir en cas de situation.

Les arguments de la Côte d’Ivoire sont-elles valables ?

La cour a-telle failli dans l’affaire Soro ?

Je ne partage pas les arguments avancés par les autorités parce que c’est en toute souveraineté que la Côte d’Ivoire c’était engagée comme état partie à la CADHP. Je ne pense pas que la CADHP ait failli dans l’affaire Soro, il appartenait à l’Etat de Côte d’Ivoire de prendre acte de la décision et de s’y conformer. Il faut rappeler que cette même juridiction avait déjà rendu une décision qui avait débouté l’opposition (PDCI) sur l’affaire de la CEI. Cette décision avait été saluée en son temps par le gouvernement qui avait invité l’opposition à la respecter.

Quelles sont les conséquences de ce retrait ?

La Côte d’Ivoire, à travers cette décision s’érige en un Etat peu modèle dans le respect des conventions internationales. Elle constitue également une grave menace pour les droits de l’homme et les libertés publiques ainsi que l’état de droit et la dé- mocratie. Ce retrait de la Côte d’Ivoire, privera les personnes physiques et les ONG d’un recours judiciaire très précieux.
Certains observateurs parlent d’un recul démocratique. Votre commentaire ?
Je suis d’avis avec cette assertion parce que le pilier de la démocratie est la justice, alors cette décision vient restreindre les actions des organisations non gouvernementales en cas de besoins. Vous savez ce qui est plus inquiétant, c’est que la Côte d’Ivoire rentre dans un nouveau cycle électoral en 2020, ce genre d’attitude peut encourager certains acteurs politiques à douter de la crédibilité du processus électoral étant donné qu’une partie de l’opposition récuse toujours la CEI. Il ne faut pas perdre de vue que les crises politiques et sociales que la Côte d’Ivoire traverse depuis plus de deux décennies trouvent leurs sources dans le manque de confiance au niveau de la classe politique.

La décision de la Cour Africaine sera-t-elle applicable dans l’affaire Soro après le retrait de la Côte d’Ivoire

Le retrait de la Côte d’Ivoire ne l’empêche pas de répondre à la décision de la Cour dans l’affaire Soro étant donné que son retrait prendra forme dans un an. Donc pour moi cette décision de la Cour était l’occasion pour la Côte d’Ivoire de démontrer qu’elle était tout simplement un Etat de Droit et qu’elle ne se reproche rien.
Propos recueillis par A.TRAORE